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Les premiers colons de Saint-Sauveur

Dernière mise à jour : 11 nov. 2020

Par Cyprien Lacasse (La Mémoire no.19, septembre 1982 p.52-57) Le premier curé de Saint-Sauveur-des-Monts fut M. l’abbé Julien -Gédéon Watier, à l’été de 1853. Mgr Bourget acquiesçait enfin à la requête des nombreuses familles déjà établies en cet endroit. Déjà, vers 1840, des colons, émigrés de Saint-Jérôme, avaient commencé à prendre des terres sur le territoire actuel de Saint-Sauveur. Mais, ces premiers colons ne venaient pas tous de Saint-Jérôme. Saint-Eustache, Sainte-Rose, Sainte-Scholastique, Saint-Hermas, Saint-Janvier pour une grande part, ont déversé vers les Laurentides le surplus de leur population. Les premières brèches furent ouvertes dans la partie du lac Marois. D’ailleurs, le chemin tracé depuis très longtemps sur la rive droite de la Rivière du Nord, rejoignant par la montée Filion le chemin Saint-Alphonse, conduisait les colons de Saint-Jérôme au lac Marois; en outre, d’autres routes très anciennes, ouvertes dans la partie nord-ouest du Saint-Jérôme actuel, comme le chemin de la Rivière de Bellefeuille et le chemin Saint-Camille, aboutissaient également au lac Marois. De cet endroit, par un sentier aujourd’hui à peu près disparu, les colons se rendirent au lace Millette. Puis, avant même l’ouverture officielle de Saint-Sauveur, des familles s’implantèrent en plusieurs endroits : sur la Rivière du Nord, surtout à Piedmont où bientôt naîtra un hameau avant même le village de Saint-Sauveur; dans le Grand Ruisseau; sur les hauteurs de Saint-Elmire et de Saint-Lambert, jusque dans le canton Morin, partie située dans le comté d’Argenteuil. Les plus anciens colons que nous avons pu retracer, grâce aux témoignages de la tradition orale, sont MM. Jean-Baptiste Desjardins (père) et Jean-Baptiste Paradis. Tous les deux, au dire de leurs descendants (Les familles Pagé, les familles Paiement et Benoît, sont venus s’établir à Saint-Sauveur, à l’époque des troubles de Saint-Eustache, soit vers 1837. Gens pacifiques, ils fuyaient le théâtre de la rébellion pour chercher le calme et la sécurité dans les montagnes.


M. Jean-Baptiste Desjardins prit un lot dans saint Elmire. Un document de famille indique que les premiers enfants de cette nombreuse famille furent baptisés à Sainte-Scholastique, paroisse d’origine, mais qu’à partir de 1840, les autres enfants furent baptisés à Saint-Jérôme, dont Saint-Sauveur faisait partie à l’époque.



Jean-Baptiste Paradis défricha la terre qui appartint plus tard à Roméo Benoît, à la Rivière à Simon. « Saint-Sauveur était couvert de bois quand il arriva ici » rapporte un de ses descendants. Une des filles de M. Paradis, devenue plus tard Mme Damase Paiement, qui affirmait avoir demeuré toute sa vie à Saint-Sauveur, est morte en 1931, à l’âge de 94 ans et six mois.


Parmi les plus vieilles familles, qui ont fait souche au lac Marois, il faut citer les Guindon, les Paquin, les Raymond, les Demers, les Fournel. Au nord du lac, Théophile Guindon père, est considéré comme l’ancêtre de l’endroit et le parrain du lac Guindon, situé tout près du lac Marois, à qui il donna son nom.





Dans la partie sud du lac Marois, le premier colon semble avoir été Antoine Paquin, père, originaire de l’Île Bizard. En 1850, il vint d’abord se choisir un lot; son beau-frère, Baptiste Lafrance, l’accomagnait. Les préparatifs terminés, il y amena, un an après, son épouse, Marguerite Lafrance, et ses trois premiers enfants, Augustin, Félix et Alexandre; les deux derniers, Antoine et Julie (plus tard Mme Demers) naîtront au lac Marois. Ce pionnier, qui a défriché le lot portant le no 33 sur l’ancien cadastre de la Seigneurie et le no 109 sur le cadastre actuel, est décédé à l’âge de quatre-vingt-seize ans, en novembre 1912. Ses cendres reposent dans le nouveau cimetière paroissial.


Au lac Millette Paul Filion avait fait la première trouée. « Mon grand-père, racontait Hormidas Filion, vint s’établir au lac Millette, là où se trouve aujourd’hui la propriété des Dionnne. Du lac Marois, il s’était rendu au lace Millette, en suivant à pied un petit sentier à travers le bois. Là, après avoir défriché un petit désert et s’être bâti un petit chantier, il retourna, au bout d’un an, à Sainte-Thérèse, sa paroisse d’origine, se maria puis revint occuper son lot. L’un de ses fils, Louis, quatrième enfant de la famille, mort à Saint-Sauveur en 1905, à l’âge de cinquante-six ans, aurait eu 104 ans, en 1953, ce qui permet d’affirmer que Paul Filion serait arrivé au lac MIllette une dizaine d’années avant la fondation de la paroisse, soit vers 1843.

Côte Saint-Elmire En plus de Jean Baptise Desjardins, déjà cité, Magloire Pagé, père (photo) Augustin Goyer dit Bélisle, Louis Alary, père, et Pierre Filiatrault, père, sont les premiers colons du rang.




Piedmont Piedmont a raison de vénérer comme les premiers occupants de la Rivière du Nord les Cloutier, les Mathieu, les Paquette, les Forget, les Beaulne, les Saint-Denis.


Au grand Ruisseau M. Lambert Bélanger, père, originaire de la Côte Saint-Pierre, paroisse de Saint-Janvier, (photo)l acheta en 1848 sa première terre du Grand Ruisseau no. 38, sud-est de la Côte Saint-Gabriel, de Pierre Laurin, qui, lui, l’avait achetée, en 1846, de la veuve de Jérôme Marion; celui-ci, cultivateur de Sainte-Scholastique, l’avait achetée, le 22 mais 1845, du seigneur lui -même. À son arrivée au Grand Ruisseau, Lambert Bélanger était marié (son épouse, Olivine Beauchamp) et père d’un enfant. Un de ses fils, bien connu plus tard, Grégoire, est né à cet endroit en 1850.


Rivière à Simon Les Constantineau partagent avec les Paradis, le droit d’aînesse, à la Rivière à Simon.

Canton Morin Trois frères, originaires de Saint-Janvier, Toussaint, Grégoire et Félix Forget s’établirent dans le deuxième rang, quelques années avant la fondation de la paroisse. Après trois générations, le no 28, défriché par Toussaint Forget, appartient encore à l’un de ses petits-fils René Forget (1953).









Il est difficile de fixer avec précision l’endroit où s’établirent ces premiers colons. En outre, la liste en serait certainement incomplète. Ajoutons, sans ordre de préséance, les nom suivants, rappelés par les anciens ou cités aux premières pages de nos archives religieuses : Aubry, Trépanier, Provost, Charbonneau, Choall, Marrier, Cyr, Imbault, Prud’homme, Lauzon, Viau, Miron, Papineau, Bigras, Taillefer, Moore, Charron, Corbeil, Beaulieu, Brisebois, Gravel, Aubin, Rochon, Landry, Foisy, Loiseau, Godon, Legault, Bertrand, Sanche, Beauchamp, Maillé, Labelle, Guénette, Dufour et Chartier.

Tous ceux-là étaient des fils de cultivateur. D’un courage héroïque, armés d’une hache, ils s’avançaient dans nos montagnes pour y faie de la « terre neuve ». Une vie dure les attendait : pays de montagnes, sol rocailleux, forêt vierge, éloignement des centres et des villes, manque de chemins, pas d’église surtout, et pas de médecin. Disons-le à l’honneur de leur foi, le manque de secours religieux fut une de leurs plus dures épreuves car nos pères étaient de fervents chrétiens. Les premiers habitants de Saint-Sauveur, surtout ceux qui s’étaient fixés au nord de la paroisse, devaient, pour aller faire leurs dévotions, à Saint-Jérôme, franchir une distance de dix-huit milles par des chemins impraticables. C’est à Saint-Jérôme que les premiers enfants sont baptisés. Un peu plus tard, en 1846, quand s’ouvrira une desserte à Sainte-Adèle, quelques paroissiens pourront aller à la messe plus facilement. Cette « mission » avait son lieu de réunion dans la maison de M. Augustin-Norbert Morin, propriété qui a longtemps appartenue à M » Zoël Lamoureux. M. Thibault, curé de Saint- Jérôme, desservait cette mission, tous les quinze jours.

À partir de 1852, le curé de Sainte-Adèle venait dire la messe à la mission de la Circoncision (saint-Sauveur). À quel endroit ? Nous l’ignorons. Mais il est certain que de 1846 à 1852, le curé Thibault, dans ses courses apostoliques à Sainte-Adèle, arrêtait à Saint-Sauveur, de temps en temps, pour dispenser à ses paroissiens éloignés les secours de la religion.

Ainsi, l’autel s’était approché progressivement de ces âmes généreuses et le temps était venu de jeter à Saint-Sauveur les bases solides de l’édifice paroissial et d’y élever un clocher à la gloire du Sauveur. En 1853, la première messe fut célébrée dans la « nouvelle chapelle » de Saint-Sauveur, par l’abbé Thérien, curé de Sainte-Adèle et desservant de Saint-Sauveur. L’église actuelle fut terminée en 1905 et le 25 mai de la même année, Mgr Zotique Racicot, bénit solennellement le nouveau temple.

Réf. Album souvenir du Centenaire de Saint-Sauveur-des-Monts par Léopold Cyr, Mgr Louis Forget et Jacques Lapointe.


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